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Aléas pour aller à Redon

Sans mobile série 

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     Chronologique du plus récent au plus ancien :   

   

 

Sans mobile série 1

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                 Lundi 6 janvier 2014 16:08

                        

 Des difficultés pour aller de Nanoed à Redon ou des raisons - on ne peut plus éloquentes - invoquées et excuses - pertinentes - imaginées par le neveu dans sa carte de vœux du nouvel an 2014 à sa tante à laquelle il ne fit aucune visite au cours de l'année précédente... 2013.

 Très chère tante,

2014 est déjà là, l'année 2013 ne m'aura malheureusement pas donné la possibilité de te rendre visite. Comme j'aurais aimé aller jusque chez toi ! Mais les circonstances et surtout les multiples événements qui ont marqué les 365 jours précédents - sans doute en auras-tu entendu quelques échos en écoutant le héraut crier les nouvelles place de l'hôtel de ville à Redon si cette tradition perdure encore - ont contrecarré tous mes projets successifs de sortie vers la cité du briquet Flaminaire.

En janvier, comme tu dois t'en souvenir, la Vilaine est sortie de son lit, les responsables locaux sous l'ordre de Nominoë (c'est bien lui qui dirige encore votre cité?) ordonnèrent la construction de profondes douves pour éviter les inondations en ville, mais ceux-ci par manque de jugeote semble-t-il, ne prévirent aucun accès depuis l'extérieur, du coup impossible de passer durant tout le mois. Cela ressembla étonnamment à un blocus interne!

En février, ça tu le sais aussi chère tantine, la Bretagne instituait un blocus contre toutes les régions limitrophes en réponse au diktat parisien d'imposer l'exportation de crêpes en provenance d'Armorique.

Pour ne rien arranger, en mars un décret de Napoléon interdisait tout contact avec les populations favorables - je sais que tu fais partie de celles-ci et je t'en félicite - aux chouans; ses sbires barrèrent toutes les voies praticables.

Tempêtes de neige et froid inhabituels virent passer avril sans âmes qui vivent sur les routes tant au sud qu'au nord de la Vilaine. On parla de congères de plus de trois mètres dans tout le canton et au-delà.

En mai Nominoë institue un passeport obligatoire pour toute personne en provenance de Neustrie, comme par hasard Naoned est concernée. Les démarches et les tracasseries administratives dissuadèrent rapidement toute personne ayant formé le projet de s'introduire en pays redonnais. Je fus de ceux-là.

En juin les vikings débarquent avec leur drakkars et mettent toute la région à feu et à sang : comment as-tu fait pour survivre d'ailleurs, tantounette adorée ? La prudence commande de ne pas s'aventurer dans le secteur.

Juillet doit supporter les premières précipitations massives de touristes et autres envahisseurs au profil inquiétant vers le nouvel eldorado breton supposé : le bruit avait couru de la découverte de pépites d'or dans le lit de plusieurs fleuves côtiers de la péninsule; de monstrueux embouteillages ne permettent plus aux autochtones une libre circulation : il vaut mieux rester chez soi.

Août découvre, suite à des températures caniculaires, la fragilité de l'écosystème que représente ce  pays de landes transformé sous une chaleur infernale en étoupe prompt à allumer d'effroyables incendies. Tout le sud de la Bretagne est en feu, tu t'en souviens tantoune ? Donc interdit à toute personne étrangère. Heureusement Redon fut épargné, mais il en reste des séquelles bien visibles et les abords de la ville encore peu sûrs. De nouveaux départs d'incendie sont toujours à craindre.

Pour ajouter le malheur au malheur septembre a été le théâtre d'ouragans successifs et de pluies diluviennes, la plupart des voies noyées et coupées d'arbres interdisaient tous déplacements. J'ai ouï-dire que nombre de caves et sous-sols furent inondés, chez toi aussi peut-être?

En octobre une épidémie de peste bubonique sévit sur tout le secteur de l'arc atlantique, de mauvaises langues accusent les sarrasins. Les autorités sanitaires commandèrent le strict nécessaire dans les déplacements. J'imaginais difficilement enfreindre les consignes; peut-être eussè-je été responsable de ton décès en introduisant dan ta chaumière le terrible virus !

En novembre, je ne sais si l'information t'est parvenue, l'immonde Carrier prend les pleins pouvoirs, c'est le règne de la terreur. Tous les habitants de Naoned et de sa région se terrent dans les caves et ne sortent que la nuit pour trouver de quoi survivre. Bon, je m'en suis plutôt bien sorti, sinon tu ne recevrais pas cette missive.

En décembre, plein de bonnes résolutions, je décide une expédition rue Saint Michel dans ton fief. Pour des raisons sur le moment inexplicables, je me retrouve deux heures et quinze jours plus tard en pleine cambrousse africaine, à moins que ce ne soit dans les steppes de l'Asie centrale vu que je n'ai pas pris le bateau et que les températures ressenties sont plus proches du froid sibérien que du climat tropical. Après mûres réflexions qui me laissent d'abord perplexe puis dans l'expectative et enfin pantois, je me rends compte en consultant mon tableau de bord que ma boussole est devenue complètement folle, elle indique le nord comme une girouette sous l'influence et les imprévues de vents contraires et contradictoires. J'ai compris subitement pourquoi je mettais autant de temps pour arriver à destination, car comme le dit l'histoire, s'il n'y a pas plus loin de Coutufon à Foncoutu que Foncoutu à Coutufon la distance de Naoned à Redon n'est pas du tout, mais pas du tout la même de Naoned à Redon que de Naoned à Vladivostok.

Si tous les chemins mènent à Rome en reste-t-il seulement un qui soit viable pour Redon ?

Je suis en droit de me poser la question.

Tu vois ma chère tantinounette comment aussi bien les éléments météorologiques imprévisibles que certaines pandémies microbiologiques ou que les conséquences néfastes des antagonismes nationaux ou régionaux ont compromis toutes mes sincères tentatives pour te rendre visite. Fasse le ciel que cette nouvelle année me donne l'occasion de palier ce manque d'effusions familiales si nécessaire et indispensables entre personnes de notre qualité. Je forme déjà le projet d'une prochaine tentative.

En attendant de te serrer dans mes bras, ma chère tantouninette, je t'embrasse très fort et te souhaites les mille bonheurs que tu es en droit d'attendre pour les 365 jours à venir celui de nous voir figurant en tête de liste bien entendu.

P.S. Je viens d'entendre sur les ondes de mon poste à galène une terrible nouvelle : les Vandales sont à nos portes. De nombreuses cohortes sanguinaires s'installent actuellement de Savenay à Châteaubriant, ils élèvent des barricades, mettent actuellement en place des champs de mines et des obstacles antichars. De nombreuses catapultes jalonnent les soixante-trois kilomètres qui séparent ces deux villes. Aux dernières nouvelles le bruit court que les eaux du Don et de l'Erdre ont été contaminées par des doses massives de cyanure, tous les poissons de ces deux cours flottent le ventre à l'air. Aucun point d'eau n'est plus sûr.

On croit savoir que cette foule, pourtant externe à nos régions, augmentée d'éléments incontrôlables venus d'horizons divers, plutôt oisifs mais sans scrupules aussi bien envers la faune et la flore (contrairement à leur dire) que la population autochtone, va s'installer durablement dans le secteur pour s'opposer à l'édification du plus grand camp romain jamais construit.

On dit que César, l'empereur de Rome, étudie en ce moment même une nouvelle stratégie pour déloger ces empêcheurs de tourner en rond. Mais je sais bien que la lutte sera longue et je doute déjà du succès de ma tentative personnelle pour arriver à bon port. Une nouvelle guerre de tranchée semble poindre de la Brière à la forêt du Gâvre jusqu'aux portes du Maine-et-Loire.

Adieu tantanounette chérie, je descends de suite à la cave mettre mon masque à gaz.

                                                                   Petit Pol

 

 

                                                                                                   
 
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